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Aurélie Samani a baladé Bach dans les villages du Haut-Béarn

Comment partager la musique classique autrement ? D'octobre 2021 à juin 2022, la pianiste Aurélie Samani a expérimenté une manière originale de rencontrer les publics. Elle s’est installée dans cinq villages du Haut-Béarn, et y a ouvert en grand les portes de son atelier. Elle a proposé plusieurs créneaux les vendredis et samedis, à rejoindre en toute liberté. À chaque fois, la mayonnaise a pris : durant deux jours, les habitants ont répondu présents pour écouter la musicienne répéter, et lui poser toutes leurs questions.


Au cœur de ces rencontres, il y a les Variations Goldberg, sur lesquelles Aurélie Samani a décidé de travailler quotidiennement pendant plusieurs années. Publiées en 1741, elles sont un chef-d’œuvre révéré du répertoire de Johann Sebastian Bach. S’il a composé ces trente variations pour le clavecin à deux claviers, les interprétations au piano sont nombreuses – elles nécessitent cependant une véritable dextérité.


Photos © AdixSon


Alors que ces escales en village se sont achevées à Féas le 18 juin, on avait très envie de poser nous aussi des questions à Aurélie, de revenir sur cette aventure !


Les Variations Goldberg sont considérées comme une œuvre majeure du répertoire de Bach. Comment l'expliques-tu ?

Aurélie Samani : À mes yeux, cet œuvre représente un sommet, alliant un vaste panel de sentiments et d’émotions universels à une dimension proche de la perfection d’un point de vue de l’écriture musicale. Bach l’a écrite à l’âge de 56 ans, il avait acquis à ce moment-là un métier de compositeur lui permettant d’élever son art au plus haut point. Chaque variation possède son identité et permet à l’interprète un éventail de possibilités quasi infini.


Avec quels matériaux travaille-t-on, lorsqu'on se lance dans un travail comme le tien autour des Variations ?

Quand j’ai abordé cette œuvre, je n’avais que la partition et mon piano, et bien entendu les innombrables versions déjà enregistrées par les plus grands pianistes et clavecinistes, dont Glenn Gould. Le pari le plus ambitieux était de pouvoir consacrer autant de temps que nécessaire à l’apprentissage de toutes ces pages.

Je n’avais jamais passé autant de temps en compagnie d’une même œuvre : jour après jour, depuis plus de quatre ans maintenant, elle m’accompagne au quotidien.


Quelles sont les émotions que te procurent les Variations Goldberg ?

Selon les jours, je sais que telle variation va m’apporter le réconfort, l’énergie, ou la réponse émotionnelle dont j’ai besoin. Si je suis d’humeur plutôt mélancolique, les variations mineures vont résonner en moi d’une façon bienfaitrice. Ce sont des ressentis tout à fait individuels et les séances réalisées avec le public ont permis d’échanger librement sur ce sujet : chacun reçoit et vit la musique d’une manière unique.



Une question qui est souvent revenue ou qui t'a interpellée, lors des répétitions publiques ?

Les personnes présentes n’étaient pas que des mélomanes : certaines ont choisi de franchir la porte pour découvrir ce qui se trouvait près de chez elles. Ces week-end leur ont permis d’aborder des sujets tels que le métier de pianiste au quotidien, les choix d’interprétation, comment affiner son écoute.

À chaque séance nous avons partagé des moments de grande émotion, que ce soit dans l’échange verbal ou musical : ressentir la musique n’est pas forcément une question de connaissance. Savoir par exemple que Bach a écrit la 9eme variation en canon à un intervalle de tierce représente un éveil de l’écoute ; mais cela ne change pas l’émotion que l’on peut ressentir et la pure beauté qui se dégage naturellement de cette musique.


Au lendemain de la 1ère résidence, alors que nous quittions les lieux avec le piano, un jeune voisin de la salle de Barlanes vient me demander : « c’est vous la pianiste ? Je n’ai pas osé entrer hier quand vous jouiez, mais j’étais dans mon champ, et j’écoutais Bach. D’habitude je l’écoute au casque, mais là en direct, c’était beau… »

Quelque chose qui te reste, de ces moments de partage ?

Ce que j’ai vraiment apprécié et qui m’a profondément émue reste la spontanéité des réactions du public : que ce soient les enfants ou les adultes, chacun s’est senti libre d’exprimer un ressenti immédiat, de partager la beauté et l’émotion vécue dans l’instant. Par rapport à certains concerts plus formels, l’échange est beaucoup plus intense et direct.



As-tu une variation préférée ?

La question est revenue quasiment à chaque séance : la réponse est non, je les aime toutes dans leurs spécificités, même celle qui restent encore mystérieuses à mes yeux… ou plutôt à mes oreilles!



Cette aventure artistique a été joyeusement coordonnée par l'Espace Jéliote, avec l'appui précieux des mairies de chaque village partenaire (Lanne-en-Barétous, Ogeu-Les-Bains, Buziet, Géronce et Ance-Féas) - merci !

La bonne nouvelle, c'est qu'on repart pour de nouvelles escales à partir d'octobre 2022 ! Cette fois-ci, Aurélie vous dévoilera ses compositeurs classiques préférés, ce qui promet des programmes originaux dans chaque village.

Restez connecté·e·s, on vous invitera aux prochains rendez-vous très bientôt...


Et pour être incollable sur les Variations Goldberg :

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